[Extract]
M de Francy.
Je Profite, Mon cher Francy, de toutes les occasions pour vous donner de mes Nouvelles, qu'il en soit ainsi de Vousje Vous prie.
Quoi qu'il Soit aujourdhui Le 20 Xbre 1777, Mon Grand Vaisseau1 n'est pas encore parti, Mais c'est un Sort a peu prés commun à tous Les Vaisseaux Marchands destinés pour L'Amerique. Le Ministere2 a craint que le Commerce n'enlevat à la fois trop de matelots dans un tems oû Il peut en avoir besoin d'un moment à l'autre. les ordres les plus rigoureux ont eté donnés dans tous les ports, Mais surtout dans celui oû J'arme.
Il parait que la Capacité de mon Navire a fait faire au Lord Stormont quelques levées de boucliers sur les quelles le Ministere a craint qu'on ne le Soupçonna de Favoriser une opération qui, dans le vrai se fait sans lui et meme malgré lui. pret à mettre à la voile mon artillerie ma eté enlevée, et l'embarras de la ravoir ou d'en fournir une autre est cequi me retient au Port. Je lutte contre des obstacles de toute nature, mais Je lutte de toutes mes forces, etj'espere de vaincre avec de la patience du Courage et de l'argent. Les pertes énormes que tout cela me cause ne paraissent toucher personne. Le Ministre est inflexible il ny a pas jusqu'a MM. les deputés de Passy qui ne pretendent aussi à L'honneur de me contrarier; moi le meilleur ami de leur Pays! à l'arrivée de L'Amphitrite qui enfin a débarqué à I'orient un faible chargement de ris et d'indigo; ils ont eu L'injustice de S'emparer de la Cargaison en disant quelle leur était adresée et non à moi. Mais comme dit fort bien M. De Voltaire:
"L'injustice a la fin produit L'indépendance.
On avait apparrement pris ma patience pour de la faiblesse et ma Générosité pour de la sotise. Mais autantje suis attaché aux interets de l'Amerique autant je me suis tenu offense des libertés peu honnêtes que les députés de Passy ont voulu prendre avec moi.
je leur ai écrit la lettre3 dont Je vous envoye Copie et qu'ils ont laissé sans réponse jusqu'à ce moment, en l'attendant J'ai fait arrêter la Cargaison entre les mains de MM. Berard Freres de L'Orient, et en celaje n'ai point cru déroger à ma conduite Franche, et genereuse enver le Congrès, mais seulement user du droit le plus légitime sur le premier et très faible retour d'une avance énorme. Cette Cargaison ne vaut que 150 m. L. vous voyez qu'il y a bien loin de Cette Goute d'Eau à l'Ocean de mes Créances.
Quant à vous, mon Cher, je vous crois arrivé.4 Je Crois que vous avez obtenu du Congrès un acompte raisonable et tel que la Situation des affaires d'Amerique a permis qu'on vous le donnat. Je crois suivant mes instructions que vous avez acquis et acquerez encore tous les jours des tabacs avec les Fonds remis par le Congrès, et Je Crois que mon ou mes Vaisseaux trouveront leurs retour prèts a embarquer aussitot qu'ils arriveront oû vous étes. J'espere encore que si les evenemens Les retardaient ici plus queje ne le crois vous aurez suivi le Conseil de notre ami Montieu,5 et que Vous m'enverrez au moins par le Flamand et tel autre adjoint que vous pourrez lui donner, en usant du Superflu de l'armement dont Landais6 a Surchargé ce Vaisseau, une Cargaison qui me tire un peu de la presse horrible oû je Suis.
Je vous envoyerai Giroud7 que vous m'avez demandé, par Mon Grand Navire, mais en attendant, Cette Lettre Vous Sera remise ou par L'estargette8 qui part par Charles Town ou par notre ami Carmikael9 qui part pour Boston ou par quelqu'autre navire qui sera plus heureux que moi dans ces premiers momens Car je l'ecris par quatriplicata. Je ne sais si Je me flatte mais Je Compte Sur L'honnéteté Sur L'Equité du Congrès Comme Sur la Mienne & la vre. Les députés ici ne sont pas a leur aise Et le besoin rend Souvent les hommes peu delicats: Voila Comment J'explique L'injustice qu'ils ont essayé de me faire. Je ne désespere pas meme de les ramener à mon Sens par la douceur de mes representations et la fermeté de ma Conduite. Il est bien malheureux, Mon ami, pour cette Cause que Ses interets en France ayent eté confiés a plusieurs personnes à la fois. un seul eut bien mieux réussi, et Sur ce qui me regarde, je dois a M. Deane10 la Justice qu'il est honteux et Chagrin tout a la fois de la Conduit de ses Collegues avec moi.11
Jéprouve aussi des desagremens de la part du Congrès Provincial de la South- Caroline Et Jecris par Lestargette a M. Le President Rutlidge pour demander Justice de lui même à lui même. Lestargette, qui Correspondra avec vous vous apprendra quel Succès aura ma Juste representation.
A travers tous ces desagremens, les nouvelles D'Amerique me Comblent de Joye. Brave Brave Peuple! dont la Conduite Militaire Justifie mon estime Et le bel enthousiasme que l'on a pour lui en France.
Enfin Mon ami, je ne veux des retours que pour être en Etat de le Servir de Nouveau, pour faire face a mes engagemens de Façon a pouvoir en Contracter d'autres en sa faveur.
Il me Semble Si J'en Crois les Nouvelles que nos Françaisont fait des Merveilles dans toutes les Batailles de Pensilvanie. Il eut eté bien honteux, pour moi pour mon Pays, Pour le Nom Français, que leur Conduite n'êut pas répondu à la Noblesse de la Cause qu'ils ont épousée, aux efforts que Jai fait pour procurer de Lemploy à la plus part d'entre eux, enfin a la réputation des Corps militaires dont ils ont été tiré.
La Ville de Londres est dans une Combustion épouventable. Le Ministère Est aux abois—L'opposition triomphe et meme avec dureté. Et le roi de France Comme un Aigle puissant qui plane Sur tous ces evenemens, se reserve encore un Moment le plaisir de Voir les deux partis Flottant entre la Crainte Et l'esperance de sa décision qui doit étre d'un si grand poids dans la querelle des deux hemispheres.
Vous prescrire pédantiquement Votre Conduite a 2. mille Lieues de moi, Mon Cher ami, serait imiter la Sottise du Ministre Anglais qui a voulu faire la Guerre et dessiner la Campagne de son Cabinet. Je mets a proffit Sa leçon. Servez moi de Votre mieux, C'est le Seul moyen de vous rendre utile à moi, à Vous, Et de devenir interessant à lAmerique Elle même.
Faite Comme moi meprisez les petites Considerations, les petites mesures et les Petits ressentimens. Je Vous ai affilié à une Cause magnifique, vous êtes l'agent d'un homme Juste et Genereux. Souvenez vous que les Succès Sont à la fortune, Que l'argent qui m'est dû est au hazard d'un Grand Concours d'evenemens, Mais que ma reputation est a moi Comme Vous êtes aujourdhuy L'artisan de la votre, quelle soit toujours bonne, Mon ami, et tous ne sera pas perdu quand tous le reste le Serait.
Je vous Salut CommeJe vous estime et vous aime.
Roderique Hortalez & compe
P.S.
Je vienes d'acquerir La Triste Certitude Que Mon Grand Vaisseau N'ira pas au Continent. Et Cela par une parole donnée au lord Stormont pendant mon absence. J'ai fait L'impossible pour l'obtenir sans pouvoir y réussir quoiqu'on ait paru assez touché de mes raisons et des pertes enormes que cette defense me ferai Supporter, ainsi pour Servir L'amerique de ma personne et de mon argent. Jai à lutter Contre la Mer, LAngleterre, La France et même l'Amerique. Croiriez vous qu'independament de l'injustice de MM. de Passy qui m'ont voulu retenir la Cargaison de l'Amphitrite pendant que je suis prèt a perir ici de besoin pour avoir trop Comté sur leur parolle dhonneur et Sur les retours qu'on m'avait promis. J'apprends de St Domingue que M. Dorsier12 agent du Congrès General a Charlestown en recevant plusieurs petits Vaisseaux Chargés pour moi a St Domingue au lieu de m'envoyer des retours raisonnables a Chargé sur mes Vaisseux de lapare du Congrès de l'indigo pour un Négotiant de St. Domingue, et n'y a mis que quelque peu de riz, une Misere pour mon Compte. Je suis donc destiné a être le Jouet de tout le monde. Je vous recommande en faisant prendre lecture de Cette Lettre a MM. du Comité Secret de leur porter mes plaintes les plus Graves de tout ce qui M'arrive.
Je vous ai Chargé de Solliciter et de recevoir du Congres 50. ou 60. M. L. Sgs. Si Je Pouvais croire qu'on vous eut fait le moindre difficulté la dessus Je me Croirais ruiné Sans resource, Mais Je ne me repais point d'une aussi funeste idée, Elle me tuerait.
Voice Ce que Je pense relativement à mon Grand Vaisseau. Je ne puis manquer à la Parole que j'ai donnée a M. de Maurepas13 que mon vaisseau ne servirait qu'à porter à St. Domingues 7. à 800. hommes de Milice, et que Je m'en reviendrais sans toucher au Continent. Cependant la Cargaison de ce vaisseau est très interessante pour le Congres et pour moi Elle Consiste en habits de soldats tous faits, en draps, Couvertures &a.
Il Porte une Artillerie de 66. Canons de Bronze dont 4 Pieces de 33.L 21. pieces de 24.L 20. Pieces de 16. L. 10 de 12.L & 9. de 8. Livres de Balles plus 33. pieces d'Artillerie de 4. L. de Balles. Ce qui fait en tout 100. Canons de Bronze et beaucoup dautres Marchds.
À Force d'y rêver J'ai pensé que vous pourriez vous arranger Secrettement avec la Comité pour qu'on envoye un ou deux Corsairs Americains sur le Champ à la hauteur de St. Domingues. L'un d'eux envoirait Sa Chalouppe au Cap Français ou bien I1 fera le Signal Convenu depuis Longtems pour tous les Navire Americains qui Viendront au Cap de Mettre une Flame blanche, d'arborer Pavillon hollandais au Grand mât. en de tirer 3. Coups de Canon alors M. Carrabasse14 ira abord avec M. De Montant15 Capitaine de mon vaisseau Le Fier Rodrique. Ils S'arrangeront pour Que la Sortie de Mon vaisseau le Corsaire S'en emparre Sous quelque pretexte que ce soit, et qu'il L'emmene. Mon Capitaine protestera de Violence et fera un Procès Verbal avec Menace de Ses plaintes au Congrès. Le vaisseau Sera Conduit ou vous êtes. Alors le Congrès desavouera hautement le brutal Corsaire rendra la liberté au vaisseau avec des excuses obligeantes pour le Pavillon Français pendant ce temps vous ferez mettre à terre la Cargaison Vous emplirez Le Navire de tabac, et vous me le renverrez bien vite avec tous Ceux que vous aurez pu y joindre. Comme M. Carmikael Va fort vite, vous avez le tems de Faire cette Manœuvre soit avec le Congrès, soit avec un Corsaire ami discret par ce moyen M. de Maurepas se voit dêgagé de sa Parole avec Ceux à qui il l'a donnée, et moi de la mienne envers lui, car nul ne peut s'opposer à la Violence, et mon operation aura eu Son succès malgré tous les obstacles dont mes travaux sont semés.
Voila Sur quel fond d'idées Je vous prie, Mon Cher ami, de Travailler Fructueusement et Vite, Car Mon Vaisseau Partira avant le 15. de Janvier. Il aura ordre d'Attendre de Vos Nouvelles au Cap français.
D'Après tout Ce que je fais le Congrès ne doutera plus Jespere, que Le plus Zelé Partisan de la Republique en France ne Soit Votre ami. . . .16
20 Jer 1778
Depuis ma lettre écrite Mrs Les Deputés a qui jai porté vivement mes réclamations ont enfin donnée l'ordre a Lorient de compter avec moi du modique produit de la vente de ce qu'apporte l'amphitrite cela nira pas a 150 m. L.17
Mon grand vaisseau n'est pas parti ce Sont de neuveaux fonds considérables arrettés. De promesses en Esperances J'attens toujours une levée de son Embargo. Mais Je péris au milieu de tout cela faute de pouvoir acquiter mes engagemens qui Saccumulent sans cesse. . . .18
31 Jer. 1778
J'apprens dans linstant par un vaisseau arrivé de Boston en espagne que vous Etes enfin a bon port a Portsmouth. Dieu soit loué. Jaurais eu grand plaisir a recevoit de vos nouvelles personelles Je suppose que vous ne l'avés pas pu Et que vous Saisirés toutes les occasions de m'en donner. Cest Mr Carmikael qui vous porte cette lettre Il y a plus d'un mois qu'il est a Nantes, ce qui fait que Je ne puis confirer avec lui a son départ. mais Il ny a de nouveau ici que la rentrée du parlement d'angleterre qui etait en vacance depuis la mi debre Jusquau 20 Jer. Et les débats les plus furieux entre le royalisme et l'opposition.
Tout le monde chez moi se porte bien. Je vous salue et vous aime.
C. De B.
[Translation]
M. de Francy.
Paris the 20 December 1777—
I make use my Dear Francy of every opportunity to write you, and I desire you will do the same to me.
Altho it is now the 20th. of December 1777. My large ship1 is not yet dispatch'd but that is a fate common to all Vessells bound to North America, the Minister2 is apprehensive that Commerce may employ too many seamen at once, at a time when he may want them most, the most rigorous Orders have been given in every Port and particularly in that where my Ship is.
It seems that the size of my ship has occasioned some uneasiness in Lord Stormont, on which the Minister has feared he should be suspected of favouring my operations, which in truth is carried on without his assistance and even against his will, ready to go to sea, her Guns were taken away and the trouble of getting them back or procuring another sett, keeps her yet in Port; I struggle against obstacles of all kinds, but I struggle with all my strength and with patience, courage, and Money, I hope to Conquer; the enormous losses this occasions me, seems to be indifferent to everyone; the Minister is inflexible, Even the Deputys at Passy pretend to oppose me who am the best Freind to their Country. On the arrival of the Amphitrite, who at last has landed at Lorient a small Cargo of Rice and Indigo, they have had the injustice to take hold of it pretending it was consigned to them and not to me, but as M. Volataire Observes.
Injustice at last produces Independance.
They probably considered my Patience as a mark of weakness, and my Generosity as folly, but as much as I am attached to the Libertys of America, as much as I was offended at the uncivil Libertys with which those Gentlemen treated me, I wrote them the Letter3 of which I send you coppy, to which I have received no answer yet, until1 I do I have seized the Cargo in the hands of Mrs. Berard brothers at L'orient, and by so doing I think I do not derogate from my free and generous conduct towards the Congress, I only claim a just right to the first and weak return of an enormous advance, this cargo will amount to 150 thousand livers, which will be but as a drop of water to the Ocean of my demand.
As to you my Dear I hope you are arrived,4 and believe you have obtained from Congress a reasonable payment on account, and such as the situation of American affairs could permit, and I hope you will or have employed the money receivd from Congress in tabacco, and that my Vessel1 or Vessells at their arrival where you are, will find their Cargos ready; I further hope, that if the delays he be longer than I imagine you will follow the advice of our Freind Montteu,5 and that you will send me at least by le Flamand and any other associate you may give him, making use of what Landay6 has over loaded in that ship, a Cargo which may releive me from the horrible uneasiness in which I now am.
I will send you Giroud7 as you desire by my large ship, but this Letter will be deliverd to you by Lestargette8 who goes Via Charles town, or by our Freind Carmikael9 who goes Via Boston, or by some other Ship more lucky than I am at present, for I write four of them, I do not know if I flatter my self or us, but I depend on the honour and Equity of Congress as on my own and yours. their Deputys here are not in Easy circumstances, and necessity often render men less delicate. this is the way I judge of the injustice with which they endeavour'd to treat me, and I do not despair of bringing them to my way of thinking, by the mildness of my representations, and the firmness of my Conduct. it is unhappy my Freind that its concerns has been intrusted into several hands at the same time in France, one only would have succeeded better, and as to what concerns me, I must do M. Dean10 the Justice to say, that he is both sorry and ashamed at the behaviour of his Colleague11 towards me.
I allso experience some disagrement from the Provincial Congress of South Carolina, I write by Lestargette to President Rutlidge, to demand of him Justice against himself; Lestargette who will correspond with you, will inform you of the success of my just demand.
Notwithstanding all those disagreable matters, I am overjoy'd at the American News. Brave, Glorious, People whose Military conductjustifies my Esteem, and the Enthusiasm the French Nation have for them.
In short my Freind, I want remittance, only to be in a condition of serving them again, to answer my Engagements, so as to Contract others for their service.
It appears to me if I may credit the News, that our French Men have done wonders in all the Battles in Pennsylvania, it would be shamefull for me, for my Country, and for the French Name, if their conduct had not answerd the Glory of the cause they espoused, the pains I took to place most of them, and the reputation of the Military Corps to which they formerly belong'd.
The City of London is in a horrible confusion,the Ministry in despair, the Minority tryumph, even in a haughty manner, and the King of France like a Powerful Eagle, hovers in the Air, and considering those Events, observes with pleasure both parties actuated by fear and hope of his determination, which must be of so great a Weight to those two parts of the Globe.
To direct your conduct in a Pedantic manner, at two thousand Leagues distance, my Dear Freind, would be to imitate the Folly of the English Minister, who undertook to carry on the Warr, and Plan the Campaign in his closet; I shall profit by his example, Serve me in the best manner you can, it is the only means of being usefull to me, to yourself, and necessary to America.
Do as I do, despise trifling considerations, measures and resentments, I have introduced you into a Magnificent cause, you are the Agent of a just and generous Man, remember that succes depends on Fortune, that the Money due to me must run thro many hazardous Events, but that my reputation is my own, as you are the Author of yours, let it be a good one my Freind and all will not be lost, tho all the rest should.
I salute you as I esteem and Love you
Roderigue Hortalez & Comp.
P.S. I have just received the sad and certain information that my large Ship can not go to the Continent, and that by a promiss to Lord Stormont during my absence; I have done impossibilities to succeed without being able to obtain redress, my reasons have been felt; and the prodigeous losses this detention exposes me to have been conceived, thus, to serve America in my Person and with my Money. I have to struggle against the sea, England, France and America; for besides the injustice of the Gentlemen at Passy, who endeavoured to deprive me of the Cargo of the Amphitrite, whilst I am here perishing for want, by having laid too great a dependance on their word of honour, and the remittances they promised me, I am in informed from hispagnola that M Dorsier12 the Congres's Agent at Charlestown, instead of making me reasonable remittances by several small Vessells loaded for me at hispagnola and sent to him, had shiped on the said Vessells for account of Congress, Indigo to a merchant of hispagnola, and remitted me only a triffling pacell of Rice on my account; I am thus become the sport of every one. I charge you when you communicate this Letter to the Secret Committy to make the most earnest complaints of all that happens to me.
I recommended you would sollicit and receive from Congress 50 or 60 thousand pounds sterlg, if I could imagine they could make the least diiiculty on that head, I should think myself ruined without resource, but I can not form so fatal an Idea, it would kill me.
What I think in regard to my large ship is as follows, I will not avoid fulfilling my promiss to M de Maurepas,13 that my Ship shall only go to Hispagnola to carry 7 or 800 Militia Men, and would return without going to the Continent, however this ships Cargo is very interesting for the Congress and myself, it consents in soldiers clothing ready made, Wollen cloth, Blankets &ca.
She carries an Artillery of 66 brass Cannon of which 4 of 33Ib. 21 of 24Ib 20 of 16Ib. 10 of 12lb. 9 of 8Ib. and 33 more of 4Ib. shott, which amounts to 100 Brass Cannon, and many other Goods.
After numerous reflexions, it has occured to me, that you might secretly agree with the Committy, to send immediatly one or two American Privateers to hispagnola, one of them should send his barge into the Cape or make the signal heretofore agreed upon for all American Vessells who come to the Cape, which is, to hoist a French pendant and a Dutch Flag at his main top mast head, and fire three Guns. On this M Carabasse14 and M de Montant15 the Capn. of my Ship the Fier Rodrigue, will go on board, they will agree that on my Ship going out of the harbour, on some pretext or other they will take her, and carry her away. my Capn. will protest against this Act of violence, and threaten to complain to Congress, the Ship will be conducted where you are, Congress will disavow the behavior of the Privateer, give liberty to the ship, and make an obliging excuse for the insult committed against the French Flag; during this you will land the Cargo. fill her with Tobacco, and send her to me with all dispatch, and with whatever others may be got ready. as M Carmikael goes immediatly, youll have time to settle this affair either with Congress or some freindly and discreet commander of a Privateer. by this means, M de Maurepas will be discharged of his promiss towards those to whoom he has given it, and I of mine to him. for no one can oppose an Act of violence, and my scheme will have its success, in spight of all the obstacles which obstruct my endeavours.
This is on what ideas my Dear freind I beg you will act Adventageously and quickly, for my Ship will sail before the 15 of January, and will have Orders to wait for your directions at Cape Français.
After all I have done, I hope Congress will no more doubt, but that your Freind is the most zealous Partizan their Republic has in France.16
January 20. 1778.
My large ship is not yet sailed, which occasions a fresh stoppage of a considerable capital, from promisses, I have hopes to have the embargo which she lays under taken off, but notwithstanding I am distracted, not being able to fulfill my engagements, which accumulate every day.18
Since my Letter wrote, Messrs. The Deputies to whoom I made heavy complaints, have at last given orders to remit me the moderate amount of the Amphitrite's Cargo, which will not be 150 thousand Livers.—17
January 31—1778.
I am this instant informed, by a Vessel1 arrived from Boston to Spain, that at last you landed safe at Portsmouth, God be praised. I should with great pleasure have received a Letter from you, but I suppose you could not then, but will take every oppertunity to write to me. M. Carmikael will deliver you this Letter, he has been above a month at Nants, for which reason I cant confer with him before he goes; there is nothing new here, the English Parliament are now met, which had Adjourned from the middle of December to the 20 January, and the debates are very violent, between the Royalists and the opposition.
Every one are well here they Salute you and Love you.
C de B.