Mons.
L’insulte faite à mon pavillon par une Frégate du Roi d’Angleterre envers ma frégate la Belle Poule; la Saisie faite par une escadre Anglaise au mépris du droit des gens de mes Frégates la Licorne et la Pallas et de mon Luger le Coureur;1 La Saisie en mer et la confiscation des navires apartenant à mes Sujets, faites par l’Angleterre contre la foi des traités; le trouble continuel et le dommage que cette Puissance aporte au commerce maritime de mon Royaume et de mes Colonies de l’Amérique, soit par ses bâtiments de guerre, soit par les Corsaires dont elle autorise et excite déprédations: tous ces procédés injurieux, principalement l’insulte fait a mon pavillon m’ont forcé de mettre un terme à la modération que je m’était proposée, et ne me permettent pas de suspendre plus long tems les effets de mon ressentiment: la dignité de ma Couronne et la protection que je dois à mes Sujets, éxigent que j’use enfin de représailles, que j’agisse hostilement contre l’Angleterre, et que mes vaisseaux attaquent et tachent de S’emparer ou détruire tous les vaisseaux, frégates ou autres bâtimens apartenant au Roi d’Angleterre qu’ils pourront rencontrer; et qu’ils arrêtent et se saisissent pareillement de tous navires marchands Anglais dont ils pourront avoir l’occasion de s’emparer. Je vous fais donc cette lettre pour vous dire que mon intention est que dans les instructions que vous aurez à donner aux Commandans des vaisseaux, frégates et autres bâtimens qui partiront de Brest2 sous votre commandement, ou que vous jugerez nécessaire de détacher pour des croisieres particulieres, soit pour les escortes à donner aux navires du Commerce, soit pour croiser sur les côtes et au large sans êtres chargé d’ecortes, vous leur prescririez D’attaquer tous bâtimens apartenans au Roi d’Angleterre qu’ils pourront rencontrer, s’ils jugent pouvoir le faire avec avantage; et après s’en être emparés de les conduire dans le port dont ils se trouveront le plus près; et que vous leur prescririez également d’arrêter tous les navires marchands Anglais qu’ils pourront trouver à la mer pour les faire conduire dans les ports de mon royaume ou de mes Colonies. Je suis assûré de trouver dans la justice de ma cause, dans la valeur et dans l’habilité des officiers généraux de mon armée navale, dans le talent et la bravoure de mes Capitaines, dans le dévouement de mes officiers et la fermeté de mes équipages, et dans l’amour de tous mes sujets—les ressources que j’ai toujours éprouvées de leur part.
En la présente &ca3
Ecrit à Versailles, le 28. Juin 1778. (le date (28) de la main du Roi)
De la main du Roi, Aprouvé, à lamiraute qu’est au Bureau des ports.
[Translation]
My Lord,
The insult done to my flag by a Frigate of the King of England towards my frigate Belle Poule; the seizure made by an English squadron in contempt of the law of nations of my frigates Licorne and Pallas and of my lugger Coureur;1 the seizure at sea and the confiscation of ships belonging to my subjects, made by England against the faith of treaties; the continual trouble and the damage that this power brings to the maritime trade of my Kingdom and of my Colonies in America, whether it be by ships of war or by the privateers which it authorizes and incites to depredations; all these injurious proceedings, principally the insult done to my flag, have forced me to put an end to the moderation that I was proposing to myself, and do not permit me to suspend any longer the effects of my resentment; the dignity of my Crown and the protection that I owe to my subjects require that I make use, finally, of reprisals, that I act hostilely against England, and that my ships attack and attempt to capture or destroy all the ships of the line, frigates, or other ships belonging to the King of England that they might be able to encounter; and that they stop and seize as well all English merchantmen that they may have the occasion to capture. I am thus writing this letter to you to tell you that my intention is that in the instructions that you will give to the commanders of the ships of the line, frigates, and other ships that will leave Brest2 under your command, or that you will judge necessary to detach for individual cruises, whether it be to convoy commercial shipping, or whether it be to cruise along the coasts and at sea without being entrusted with convoys, you will require them to attack all ships belonging to the King of England that they may encounter, if they judge that they can do it with advantage; and after they have been captured, to lead them into the nearest port; and that you will also require them to stop all the English merchant ships that they may find at sea in order to have them brought into the ports of my kingdom or of my Colonies. I am assured of finding in the justice of my cause, in the valor and sagacity of my general officers of my navy, in the talent and bravery of my captains, in the devotion of my officers, and the steadfastness of my crews, and in the love of all my subjects, the resources that I have always met with on their part.
In the present etc.3
Written at Versailles, the 28th of June. (the date (28) in the hand of the King)
In the hand of the King, Approved, at the Admiralty which is in the Offices of the port.