A Versailles, le 11 Février, 1778
Jai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avéz fait l'honneur de m'écrire et les deux pieces qui y étoient jointes, et qui vous ont été remises par M. le Vte. De Stormont, relativement à la propriété de l'Ann Suzanna1 par l'éxamen que j'ai fait de ces pieces, j'ai vu que ce Bâtiment est le même que celui que cet Ambassadeur à réclamé au mois de Decémbre dernier, par une note qu'il vous avait remise, et suivant laquelle, en prétendoit que ce Bâtiment étoit au Pellerin près Nantes, oú on travailloit à le défigurer pour lui fair porter le nom de la Mignon.2 Vous vous rappelleréz sans doute que dans le temps, j'ai fait prendre à ce sujet des renseignements du résultat desquels j'ai eu l'honneur de vous faire part le 28. du même mois, et d'après lesquelles, sur les représentations des Armateurs, j'ai permis l'expédition de ce Navire, qui étoit destiné pour St. Domingue; les nouvelles pieces produites constatent bien que les Srs. Breston Long,3 George Drake, Samuel Long, et autres cointéressé, étoient propriétaires d'un Bâtiment nommé l'Ann Suzanna, pris au mois d'Octobre dernier par un Corsaire Américain nommé le Raleigh, mais pour que leur reclamation put mériter quelques égards, il faudroit qu'ils pussent également prouver que ce Navire a été amené dans un Port de France, et qu'il est le même que celui qui sous le nom de Samuel a été vendu à Vannes par le Sr. Crémelan au Sr. De Coesne, Négociant à Nantes qui après l'avoit fait venir au Péllerin, l'a vendu aux Srs. Gallssay, autres Négociants de Nantes qui lui ont donné le nom de la Mignone et l'ont expédié pour St. Domingue; c'est ce qu'ils ne font pas. Je ne vois en conséquence aucun nouveau moyen de revenir sur cette affaire. Je vous remets cy joint les pieces que vous m'aviéz fait passer. J'ai l'honneur d'être [&c.]4
de Sartine
[Translation]
Versailles, February 11, 1778
I received, My Lord, the letter you were kind enough to send me, and the two items you included which were sent to you by His Lordship the Viscount Stormont, relating to the ownership of the Ann Suzanna.1 In examining these items, I saw that this ship is the same one this ambassador claimed last December, in a note he had sent you, in which it was asserted that this ship was in Pellerin near Nantes, where it was being altered to carry the name the Mignone.2 You no doubt remember that at the time I made some inquiries on this subject, the results of which I shared with you on the 28th of that same month, according to which, on the basis of the shipowners' statements, I authorized this ship to sail to St. Domingue. The new items submitted show clearly that Messrs. Breston Long,3 George Drake, Samuel Long, and other interested parties were owners of a ship called the Ann Suzanna, taken last October by an American privateer called the Raleigh. In order for their claim to merit any regard, they must also prove that this ship was brought into a French port and that it is the same as the one that was sold at Vannes under the name of Samuel by M. Cremelan to M. De Coesne, merchant at Nantes, who after bringing it to Pellerin, sold it to Messrs. Gallssay, other merchants of Nantes, who gave it the name the Mignone and sent it to St. Domingue. This is what they are not doing. Consequently, I see no other way to resurrect this matter. I am sending back with this letter the items you passed along to me. I have the honor to be [&c.]4