Copie de la Lettre Ecritte a M. Villehelio
Commissaire des Ports et Arsenaux, a Nantes
dattée de Gibraltar le 16. 8bre. 1777.
Monsieur
La presente est pour vous faire part de l'arrivée d'un Brigantin francois de Nantes, la Poggy, qui veut dire en françois la Catherine de Nantes Capitaine Jean Prochetier qui a été conduit icy par la frégatte l'Entreprise Commandée par le Capitaine Tomas Lier,1 on l'a entré dans cette Baye le 13. du courant avec Pavillon Anglois, malgré toutes les diligences que je fais pour découvrir la verité de ce fait, il m'a été impossible, seulement j'irai accoster le Capitaine lorsqu'on le meneroit a l'Amirauté de cette place pour prendre sa déclaration, je postay un homme dans la Cour pour entendre la declaration qu'y feroit le Capitaine et ensuitte je l'attendis, pour sçavoir de luy ce qui s'etoit passé, mais les officiers de la frégatte qui l'escortoient pour le conduire abord ont dit qu'il est encore prisonnier, et ont même deffendu a personne d'aller abord, ils l'ont empeché de me parler, sinon le rapport que m'a fait l'homme que j'avois posté, que le Bâtiment appartient a M. Grüel, Negociant a Nantes a qui j'Ecriray aujourdhuy, afin qu'il donne pouvoir de suivre son affaire. Il me semble à propos qu'il envoye une procure afin que je puisse avoir touttes les forces qu'exige cette malheureuse affaire, Quoiqu' autorisé de la Cour je ne puis présenter en fait de justice, que lorsque je suis muny par procure, aussitôt que j'aurois la declaration du Capitaine, j'en ferai part a Mgr De Sartine afin de prendre ses ordres et luy marquer la facon avec laquelle les anglois agissent envers notre pavillon, cet èpoque et bien d'autres survenires icy en peu de tems, je vous prie, M. de faire part a M. Gruel que son Batiment fut pris apres 3. jours de navigation de Nantes sur le Cap finistere ou la fregatte de cette place est toujours en croisiere. Je finis en vous assurant que j'apporterai tous les soins possibles pour faire rendre justice au Cape. Je suis, M. &c.
P.S. Je viens d'apprendre dans le moment par une personne qui etoit a l'examen du Capitaine qu'il s'appele, Louis Le Grand et le Brigantin Le Pompée au lieu de la Catherine, c'est ce que j'eclaireray lorsque j'aurai vû le Capitaine. Les Anglois ont donné ce nom masque afin que je ne prisse point connaissance de l'affaire.
[Translation]
Copy of the Letter Written to M. Villehelio
Commissioner of Ports and Arsenals, at Nantes
dated at Gibraltar, 16 October 1777.
Sir
This letter is to inform you of the arrival from Nantes of a French brigantine, the Poggy, which means in French the Catherine, commanded by Captain Jean Prochetier, who was brought here by the frigate Enterprize under the command of Captain Tomas Lier.1 The vessel entered this bay the 13th instant flying an English flag. Despite my haste to uncover the truth regarding this act, it was impossible for me to do so, but I was going to approach the captain when he was brought to the Admiralty of this place to take down his statement. I stationed a man in the courtroom to listen to the statement the captain would make there and I then waited to learn from him what had happened; however, the officers of the frigate, who were escorting him to the ship, said he was still prisoner and even forbade anyone to go on board. They prevented him from speaking to me. According to the report the man whom I had stationed in the courtroom made to me, the ship belongs to M. Gruel, a merchant in Nantes, to whom I shall write today so that he may give me authority to take action on his case. It seems appropriate to me that he send me a power of attorney so that I may have all the legal power that this unfortunate case requires. Although I am recognized by the court, I can appear before the court only when I am in possession of a power of attorney. As soon as I have the captain's statement, I shall inform my Lord de Sartine that I have it so that I may receive his instructions and shall report to him the way the English behave toward our flag, at this time and on many other occasions, during a short period of time. I request, Sir, that you inform M. Gruel that his ship was seized off Cape Finistere, three days out of Nantes, where the frigate is still cruising. I close by assuring you I shall exercise all possible care that the captain is treated justly. I am, Sir etc.
P.S. I have just now learned, from a person who was present during the captain's examination, that he is called Louis Le Grand and the brigantine is called the Pompée instead of the Catherine. I shall clear that up when I have seen the captain. The English used this false name so that I would not enquire into the matter.