Copie d’une Lettre de M. de Sartine a M. le Comte de Vergennnes
Versailles le 26 Avril 1778. J’ai recu M. la Lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’ecrire Le 20 de ce mois, a laquelle etoient jointes la traduction des representations qui vous ont été adressées par les Deputés américains,1 relativement au découragement que marquent les negocians de Bourdeaux et des Nantes, qui ont fait, jusqu’a présent le Commerce d’Amérique, et la demande que font ces Deputés de Congrès pour la sureté de ce Commerce.— Depuis prés d’un mois les côtes de France situées sur le golphe de Gascogne et une partie de celles situées sur la Manche sont gardées et protegées par 20 frégates et corvettes distribuées tant au large, qu’a l’entrés des ports et Riviéres. Celles qui occupent ces derniers stations, prennent sur leur convoie les bâtimens francois, ainsi que ceux appartenants aux Américains qui mettent a la voile, et les escortent jusqu’au dehors des caps. Si elles trouverent a la sonde des ba- timens faisant leur retour elles les protegent jusqu’a l’entrée des ports. Les frégates qui occupent les stations plus au large sont employées a escorter les Corsaires de Jersey et de Guernsey qui donnoient de l’inquietude au Commerce. Les mêmes ordres ont éte données dans les Colonies, ou les Frégates qui y sont en station, escortent jusqu’ hors des debarquement les batimens, des Etats unis, et ceux de la Nation. Et j’ai lieu d’etre assuré par les comtes qui me sont rendus, que ces ordres sont ponctuellement exécutés, a que la protection s’extend, sur les vaisseaux americaines, avec la même autorité que sur ceux des sujets de sa Majesté. Vous juges sans doute comme moi, M. que cette espece de protection est, quand a present, la seule qui soit possible de donner au Commerce, et que les Convois jusqu’a l’Amerique soiraient impracticable dans les circonstances presentes, et sont dans tous les tems peu surs, et sujet aux plus grands inconveniens. Proteger les atterages, assurer la libre entrée et sortie des ports, en éloignant les Corsaires en escortant jusqua hors des Capes. Voila ce que le Commerce doit donner et qu’il peut attendre. Et c’est a quoi les ordres de sa Majesté ont pourvu depuis longtems. Ce servit a tout que les Deputés americains se plaindroient lorsqu’a cet egard, les Batimens des Etats Unis sont traités a l’égal de ceux qui appartiennent au sujets de sa Majesté. J’ai l’honneur &c
[Translation]
Versailles, April 26, 1778
Sir: I have received your letter of the 20th instant, accompanied by the translation of the representations addressed to you by the American commissioners1 relative to the fears of the merchants of Bordeaux and Nantes, who have hitherto transacted business with America, and by the request of the commissioners with regard to the protection of that commerce. For nearly a month the French coast along the Bay of Biscay, and a part of that on the Channel, have been guarded by twenty frigates and corvettes, distributed in the open sea, as well as along the entrances of harbors and rivers. Those stationed at the latter places take under their protection the French and American ships which sail from those points, and convoy them beyond the capes. If they meet any vessels inward bound, they convoy them to the entrance of the harbors.
The frigates stationed farther out at sea are employed in chasing away the Guernsey and Jersey privateers, which are a great interruption to commerce. The same orders have been issued in the Colonies, where the frigates there stationed convoy the French and American vessels from the coasts. The reports made to me assure me that these orders are promptly executed, and that the protection is extended as fully to American as to French vessels. You will agree with me that this kind of protection is, for the present, the only one which it is possible to give to commerce; and that convoys to America would be impracticable under present circumstances, and are always insecure, and subject to great inconveniences. To protect the coasts, to assure a free access to the harbors, to remove the privateers, and afford a convoy beyond the capes, these aids commerce requires, and has a right to expect; and they have long since been provided by the orders of his majesty. The commissioners cannot reasonably complain when, in this respect, the American vessels are on an equal footing with those of his majesty’s subjects.2 I have the honor to be, etc.
de Sartine