Mgr.
Par la lettre dont vous nous aves honoré en datte du 28. du mois dernier, vous nous mandés qu'on vous a assuré que depuis les derniers ordres que vous nous avés donné concernant les Bâtimens amériquains, le Navire la liberté Capne. Seabrook a été complettement équipé à Bordeaux, qu'on a achetté huit pieces de Canons pour ce Bâtiment, qu'ils doivent y être montés avant qu'il sorte de la rivierre, et qu'on y a embarqué plusieurs Caisses et barils contenant des armes et munitions de guerre qu'on fait passer pour marchandises ordinaires; que le navire l'industrie, actuellement dans notre Port, est un Corsaire amériquain qui se donne pour Vaisseau Marchand, qu'il n'avoit que 14 Canons à son arrivée, et qu'actuellement il en a 18. et qu'on a également dessein de le charger d'armes et de munitions de guerre.1
Le premier de ces Bâtimens est parti depuis plusieurs jours2 ainsi que nous avons eu l'honneur de vous le marquer par notre lettre du 20 du mois der: comme ce Bâtiment etoit un de ceux sur lesquels portoient les ordres que nous avions reçû de votre part en datte du 19. août der: nous avons eu le plus grand soin de le faire visiter avant qu'il ne sortit de notre Port. cette visite a été faite avec le plus grand soin. l'huissier visiteur nous a assuré qu'il n'y avoit vu aucune espéce d'armes ni de munitions de guerre, que ce Navire n'avoit que des Canons figurés en bois et que dans la Ste. Barbe il n'y avoit que quelques touques d'huile et autres memes objets d'usage et pas un grain de poudre; son role d'équipage a été visé au Bureau des Classes; il est donc bien certain que si ce Navire a été équipé en guerre ce n'est pas dans le Port de Bordeaux, ce n'est pas non plus avant d'être descendu au bas de la rivierre, puisqu'il a du être visité par la frégatte du Roy qui y est en station. est-ce donc au moment ou il a mis en Mer; nous avouons Mgr, que nous l'ignorons absolument en tout cas si la chose est praticable, de quel moyen aurions nous pu nous servir pour l'empêcher etant à 20 lieües de distance, et n'ayant absolument personne sur les lieux, nous ignorons également si dans le nombre des Caisses et barils qui ont été chargés àbord de ce Navire il y en avoit ou l'on eut renfermé des armes et des munitions de guerre; rien ne doit se charger sans le permis du Bureau des fermes, ainsi si l'on a fait passer quelque chose en fraude, on ne pouvoit accuser que la négligence des Commis. Nous avons eu, Mgr. l'honneur de vous représenter que nos fonctions ne peuvent nous permettre de veiller sur tout ce qui se charge dans un Port d'une lieuë d'étenduë, et nous avons lieu d'être surpris que les personnes intéressées à faire passer en Cour des avis si bien Circonstanciés, n'ayant pas encore eu l'avisement de nous instruire de ces Contraventions que nous pourrions empêcher dans le moment si nous en étions prévenûs.
A l'égard du Navire l'industrie, nous sommes étonnés qu'on ait déja pu Con naitre les intentions qu'on lui préte puisqu'il est actuellement en Carêne et amarré sur le ponton; nous le ferons néanmoins veiller autant qu'il dépendra de nous; mais il n'y a pas d'apparence que la quantité d'artillerie d'armes et de munitions de guerre qu'il a apportées ayant été constatée au moment de son arrivée, il ôse en prendre plus qu'il n'en avoit.
Vous nous marqués aussi, Mgr, qu'on prétend qu'il s'arme un grand nombre de bâtimens françois qui ont l'apparence de s'expédier pour St. Pierre et Miquelon mais qui sont destinés pour l'amérique septentrionale et chargés des choses dont les amériquains ont besoin. nous ne sommes nullement étonnés; ce Commerce interlope offre des profits trop Considérable pour ne pas tenter les armateurs. les réprésentations que nous pourrions leur faire à ce sujet seroient absolument inutiles, ils sont assés instruits pour connaitre les risques qu'ils courrent. nous ne manquerons pas néanmoins de déclarer suivant vos ordres à ceux qui s'expedieront pour St. Pierre et Miquelon que s'ils sont assés imprudent pour s'expôser ils ne doivent avoir aucun espoir d'être réclamés par le Gouvernement. Nous sommes [&c.]
[Translation]
Extract of a letter from the Admiralty at Bordeaux to M. de Sartine of 7 October 1777
My Lord
By the letter with which you honored us, dated the 28th of last month, you sent word to us that you had been assured that since the last orders you had given us concerning the American ships, the Liberty, a ship commanded by Captain Seabrook, has been completely fitted out in Bordeaux, that eight guns have been purchased for the ship and are to be mounted on board before the ship leaves the river, and that several barrels and cases that had been taken on board contained weapons and am munition that were declared to be ordinary merchandise; that the Industry, a ship presently in our port, is an American privateer being passed off as a merchant vessel, that it was carrying 14 guns on its arrival, and now it has 18; there are also plans to load it with weapons and munitions.1
The first of these ships sailed several days ago just as we had the honor of telling you by our letter of the 20th of last month.2 As this ship was one of those dealt with in the order dated the 19th of last August that we received from you, we took the greatest care to have it inspected before it left our port. The inspection was done with the utmost of care. The inspector has assured us that he had not seen on board any kind of weapons or ammunition, that the ship had only guns made of wood, and in the powder magazine there were only a few containers of oil and other similar articles for everyday use and not a grain of powder; the ship's muster-roll had been stamped by the Classification Office. It is, therefore, quite certain that if this ship was fitted out for war, it was not done in the port of Bordeaux, nor was it done before being moved downstream, since it had to be inspected by the king's frigate on station there. Or was it when it put to sea. My Lord, we avow that we are totally ignorant, in any case, as to whether the matter is practicable, what measures we could have taken to prevent it, being 20 leagues away and having no one in the area. We are also unaware whether among the number of cases and barrels that were taken on board the ship there were some in which someone had enclosed weapons and munitions of war. Nothing was to be taken on board without the permission of the tax collectors bureau. So if someone has smuggled something on board, we could only blame the commissioners' negligence. We have had, my Lord, the honor of pointing out to you that our duties do not allow us to oversee everything being loaded in a port a league in extent, and we have reason to be surprised that persons interested in forwarding to the court such thoroughly detailed information, when they had not the discretion to inform us of these violations that we would have been able to prevent immediately, if we had been forewarned.
In regard to the Industry, we are astonished that someone had already been able to learn what intentions are taken for it, seeing that it is presently being careened and is secured to a pontoon. We shall, nevertheless, keep watch on it as long as it depends on us; however, there is no likelihood, the quantity of military supplies, weapons, and ammunition it brought having been verified at the time of its arrival, that it would dare to take on more than it had.
You indicate to us, my Lord, that it is alleged a large number of French ships are being fitted out which have the appearance of being sent to Saint Pierre et Miquelon, but actually are destined for North America and are loaded with things the Americans need. We are not at all surprised, for this unauthorized trade offers profits too large not to tempt the owners. Any representation we could make to them on this matter would be absolutely of no use. They are well enough informed to know the risks they run. We shall not fail, nonetheless, to state, in accordance with your orders, to those who will be sailing for Saint Pierre et Miquelon that if they are foolhardy enough to expose themselves to such risks, they must not hold any hope of being reclaimed by the Government. We are [&c.]